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11 mai 2021, le début d’une autre vie

11 mai 2024. Il est 7h30. Une journée chargée d’émotions et de souvenirs s’éveille doucement. Les ombres de la nuit se sont estompées pour laisser la place à la lumière du jour. Tu es morte depuis trois ans. Trois années de combats intérieurs. Je n’y crois pas. Trois ans viennent de s’écouler.

Installée dans mon fauteuil, un mélange de douleur et de tendresse envahit mon cœur. Malgré la clarté du jour qui inonde la pièce, une atmosphère de calme pesant règne dans notre foyer. Tes grands frères sont chez Omi et Opi. Aloïs dort encore, ignorant certainement le poids de cette journée.  Et moi, je m’envole vers toi. Je m’évade en griffonnant ces quelques lignes.

Le 11 mai, date de ta mort, est une journée marquée d’une croix noire dans notre calendrier familial. Une fissure sombre. Il y a l’avant. Il y a l’après. Il y a l’insouciance puis les tourments.  Le temps s’est divisé en deux. Le 11 mai 2021, nous avons basculé de l’autre côté, dans une nouvelle dimension. La tristesse infinie a brisé nos cœurs. La perte vécue est inqualifiable. La douleur, insoupçonnable.  Depuis ce jour, j’affronte mes angoisses et surtout cette vérité terrifiante. « La mort peut frapper n’importe qui, n’importe quand. » Personne n’est à l’abri. Même pas nos enfants.

J’observe la dernière photo que j’ai de toi. Tu venais de mourir. Papa te tenait dans ses bras. Tes yeux étaient clos. Enveloppée dans une couverture bleue, un bonnet blanc sur la tête, tu dormais. Ton corps était chaud. Encore. Malgré la présence d’un tube dans la bouche, tu étais belle. Encore. La mort ne t’avait pas transformée. Encore. Tu étais toujours mon bébé. Je ne sais l’expliquer, j’avais besoin d’immortaliser ce moment pour ne pas oublier ce dernier instant avec toi. Encore. Papa te regardait tendrement. Il te berçait, la main posée délicatement sur ton torse, alors que la vie t’avait déjà quittée. Mais cela, nous ne voulions pas le croire. Encore.  

Le 11 mai 2021 a marqué un tournant dans nos vies, une journée durant laquelle le cours normal du quotidien s’est interrompu. Brutalement. Sans crier gare. Plus rien n’avait de sens. Le 11 mai 2021 est date fatidique. Le début d’une autre vie dans laquelle se mélangent peurs, angoisses mais aussi la conscience de la valeur fugace de chaque instant et la réalité implacable de la mort.

Ces trois dernières années ont permis à nos cœurs brisés de se rafistoler. Un peu. Même dans l’ombre du chagrin, il y avait constamment des étincelles de lumière. Nos souvenirs se sont transformés en précieux trésors. Des joyaux qui illuminent les ténèbres de leur éclat. Notre pouvoir de guérison, ton amour, celui que tu nous as laissé, m’a soutenu à travers toutes les tempêtes de chagrin et m’aide encore aujourd’hui à surmonter cette journée. Le 11 mai a marqué la fin du bonheur absolu mais il a aussi donné naissance à une nouvelle façon de vivre. Chaque jour est un hommage à ce qui a été perdu mais aussi une célébration de ce qui reste à vivre avec papa et tes trois adorables frères. Je savoure un peu mieux l’instant présent. Le bonheur se vit maintenant. Pas demain. La douleur est encore présente mais elle n’empêche pas mon bonheur. Merci ma chérie. Merci pour toutes ces années d’amour et celles à venir. Aujourd’hui, nous penserons encore un peu plus fort à toi.

« La vie n’est pas d’attendre que les tempêtes passent, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » – Vivian Greene

Auteur

norah.siegenthaler@bluewin.ch
Je m'appelle Norah Simon. Je suis née le 30 octobre 1989 à Lausanne. J'ai suivi une formation d'enseignante primaire à la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne. J'ai toujours apprécié la lecture et l'écriture. Depuis le décès de ma fille, j'y ai trouvé un refuge, un moyen d'évacuer mon trop-plein d'émotions, un véritable exutoire.