
Mes souvenirs sont les vestiges de ton existence
Nous sommes le 4 juillet. C’est le début des vacances. Notre premier long périple a démarré il y a quelques jours. Le 26 juin, nous avons quitté notre maison pour découvrir un magnifique pays. L’Italie.
Symbole d’un riche passé historique et culturel, l’Italie est un musée à ciel ouvert. Une terre de beauté et d’art. Une mosaïque de paysages variés au charme unique. Un pays qui célèbre la vie à chaque coin de rue. Des ruelles étroites de Florence aux plages ensoleillées de la Sicile en passant par les cafés animés de Rome. Un pays gourmand et généreux avec une cuisine savoureuse et traditionnelle. La langue italienne est une symphonie de sons délicieux et mélodieux. La joie et le bonheur résonnent partout dans la péninsule. Avec son hospitalité avenante, l’Italie est une destination qui touche le cœur et l’âme.
Gène. Pise. Rome. Pompéi. Palerme. Catane. Syracuse. Naples. Orvieto. Florence. Cinq terres. Trois semaines rien que pour nous. En famille. Papa. Mathis. Thibaut. Aloïs. Greg, le parrain d’Aloïs. Moi. Sans oublier notre petite étoile. Toi.
J’avais hâte de vivre ce moment pour créer de nouveaux souvenirs. Joyaux de notre existence, à l’image de pierres précieuses, ils scintillent au fil du temps et colorent notre histoire. Ils sont bien plus que de simples événements du passé. Ce sont des trésors de vie. Des vestiges riches d’une histoire. Notre histoire.
Nous voilà installés dans une magnifique villa en Sicile au pied de l’Etna pour une semaine de détente après une traversée vers le sud en sept jours rythmée par des découvertes toujours plus incroyables. Je suis allongée sur un transat au bord de la piscine et j’observe ce majestueux volcan. De la fumée blanche s’y échappe. Il paraît que c’est rassurant. Tant mieux. Tes grands frères sautent dans la piscine. Ils s’éclaboussent. Des rires de bonheur. Des cris de joie. Cela me met du baume au cœur. Chaque matin au réveil, il court à l’extérieur pour l’admirer. Thibaut en rêve. Il veut être vulcanologue. Demain, ils iront l’observer de plus près avec papa et Greg. L’excitation est à son comble.
Je pense à toi, ma chérie. Tout au long de notre voyage, tu ne m’as pas quittée. Toujours là. Présente malgré l’absence. Présente malgré le silence. Existante mais invisible. Les souvenirs, depuis le jour de ta mort, ont pris une autre dimension. Inoubliables, ils sont la substance même de ton existence. Un témoin silencieux. La preuve que tu as vécu, ri, gazouillé, pleuré, grandi durant plus de trois mois. Ton départ subit m’a rappelé que la vie est une collection précieuse d’instants éphémères. Chaque éclat de rire, chaque sourire, chaque câlin, chaque progrès, chaque larme est une perle unique du collier de ma mémoire. Un trésor que je garde au fond de mon cœur, prêt à être ressuscité à chaque fois que la douleur de ta perte me saisit. Les souvenirs de toi se sont cristallisés en moi malgré l’érosion du temps qui les a un peu effrités. Très légèrement. Ils sont intacts.
Nous avons découvert les vestiges de Pompéi il y a trois jours. Sublimes. Prodigieux. Emouvants. Presque deux-mille ans d’histoire. J’en frissonne encore. Lors de la visite, je m’étais longuement arrêtée devant une fresque présente sur les murs d’une maison romaine. Les couleurs avaient perdu en intensité. La peinture s’était effacée par endroit. Très légèrement. Mais l’œuvre était indemne. Belle. Majestueuse. Un ange au milieu d’un cadre rectangulaire. J’ai pu admirer les ornements incroyables de la frise qui l’entourait. Les détails. La précision. Tout simplement fabuleux. Le Vésuve est entré en éruption dans la nuit du 24 août de l’an 79 ap. et tout le monde s’en souvient. Comme ces vestiges, mes souvenirs de ta vie ont survécu au temps. Ils sont la preuve que tu as vécu, ri, pleuré, grandi.
Je me souviendrai éternellement de toi, Margaux, ma petite fille chérie.